Industrie, BTP, santé, logistique, l’utilisation des EPI (Équipements de Protection Individuelle) concerne de nombreux secteurs d’activité. Bien qu’ils soient incontournables pour la sécurité au travail, tous ces équipements se transforment en déchets complexes à fort volume. Que faire des EPI usagés ou périmés ? Comment relever le défi de leur gestion en fin de vie ?
Entre conformité réglementaire, réduction de l’empreinte environnementale et optimisation des coûts, la collecte et le traitement des EPI deviennent un enjeu majeur pour les entreprises et les collectivités.
💡 Ce qu’il faut retenir
– Les Équipements de Protections Individuelle (EPI) sont indispensables pour de nombreuses professions.
– Leur quantité et leur diversité complexifient leur gestion en fin de vie.
– La réglementation impose aux entreprises de trouver des solutions pour le traitement des EPI.
Table des matières
Pourquoi la collecte des EPI est-elle un enjeu majeur ?
Les obligations réglementaires
Il n’existe pas encore de filière REP (Responsabilité Élargie du Producteur) dédiée aux EPI. Selon le Code de l’environnement, ils relèvent du régime général des déchets des entreprises. Pour les sociétés concernées, cela entraîne des obligations de tri, de collecte et de traçabilité :
– Tri et stockage séparé ;
– Registre des déchets ;
– Choix de prestataires agréés.
– Registre des déchets ;
– Choix de prestataires agréés.
Selon le secteur d’activité, le traitement peut être plus strict. Par exemple, les EPI issus de l’industrie chimique et considérés comme dangereux doivent répondre aux exigences ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement). Le transport, le stockage et la transformation sont soumis à des règles spécifiques pouvant nécessiter une autorisation préfectorale.
Le Bon à savoir : tout manquement aux obligations réglementaires de gestion des EPI est passible de sanctions administratives et pénales.
L’impact environnemental et économique
Tout le monde a en tête la pollution générée par la quantité de masques abandonnés dans la nature pendant la crise sanitaire. Certains équipements, comme les casques, les gants ou les chaussures de chantier, ont une durée de vie de plusieurs mois. Cependant, de nombreux EPI sont à usage unique, notamment la plupart des équipements de protection médicaux. Cela constitue une énorme masse annuelle de déchets jetés dont le recyclage est crucial.
Certains matériaux composant les EPI sont difficiles à recycler, par exemple les plastiques techniques ou les textiles synthétiques. Leur incinération ou leur enfouissement représente des coûts croissants et un risque de pollution.
Les industriels peuvent voir la gestion des équipements de protection individuelle comme une contrainte, mais il s’agit également d’une opportunité économique. La valorisation des EPI permet de les transformer en ressource tout en réduisant sa TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes).
Les industriels peuvent voir la gestion des équipements de protection individuelle comme une contrainte, mais il s’agit également d’une opportunité économique. La valorisation des EPI permet de les transformer en ressource tout en réduisant sa TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes).
Les acteurs clés de la collecte et du recyclage des EPI
Les éco-organismes et filières dédiés
Leur rôle est de structurer la filière de fin de vie des produits en assurant leur conformité avec la REP lorsque celle-ci est engagée. Ils visent à harmoniser le ramassage et à financer des initiatives locales de valorisation.
La filière TLC (Textile, Linge, Chaussure) prend en charge les vêtements de travail. La filière emballages et plastiques souples est concernée pour certains EPI. La filière REP spécifique aux EPI n’existe pas encore, mais cela ne saurait tarder.
Les entreprises spécialisées dans le traitement des EPI
Comme Keenat, les sociétés de tri et de valorisation ou ces startups innovantes, sont des acteurs majeurs de l’économie circulaire. Ils procèdent en trois étapes :
– Tri par matière ;
– Décontamination et broyage ;
– Transformation en granulés, en isolant, en mobilier urbain, en fibres, etc.
Les fabricants d’EPI engagés
De plus en plus de fabricants intègrent des programmes de reprise. C’est un sérieux avantage, car ils connaissent parfaitement les matériaux utilisés pour la production et peuvent pratiquer l’éco-conception pour anticiper leur recyclage des EPI à moindre coût.
Souvent, ils utilisent les matériaux recyclés pour générer de nouveaux EPI garantissant une durabilité accrue énergie.
Les solutions de ramassage mises en place pour les EPI
La gestion des EPI usagés a une importance sanitaire et environnementale capitale. La crise Covid a considérablement augmenté leurs volumes nécessitant de structurer des filières de ramassage adaptées au secteur d’activité.
Les collectes d’EPI dans les hôpitaux
Les hôpitaux génèrent un volume élevé d’EPI jetables (gants, masques, blouses, charlottes, sur-chaussures, etc.). La présence potentielle de résidus à risque infectieux (DASRI) augmente les contraintes sanitaires.
Leur récupération est assez bien organisée grâce à la mise en place de bornes, boîtes et box adaptés à la taille des produits. Le personnel médical est très sensibilisé sur le sujet.
La problématique est que ces déchets sont souvent incinérés au lieu d’intégrer des filières plus circulaires. L’innovation permanente est importante pour développer des procédés de recyclage éco-responsable. Par exemple, Keenat recycle les masques à usage unique sans eau ni solvant.
Les collectes d’EPI dans le bâtiment
Le secteur du BTP produit des éléments souvent usés, souillés et multi-matériaux, qui sont difficiles à recycler. Les casques, gants, chaussures et vêtements de travail sont toutefois récupérés grâce à :
– Des bornes sur les chantiers ;
– Des box de tri dans les dépôts de matériaux.
– Des points relais multi-entreprises.
Pour les entreprises, ces solutions sont RSE friendly. Elles permettent en effet de valoriser la matière tout en réduisant considérablement les volumes enfouis.
Les collectes d’EPI dans le bâtiment
Dans l’industrie, les EPI sont des combinaisons, des gants techniques, des masques ou des chaussures de sécurité. Ils présentent les mêmes difficultés à être recyclés que ceux du BTP, avec la problématique supplémentaire des risques de contamination chimique.
Pour ces déchets dangereux le ramassage, en box sécurisées, est organisé par des filières spécifiques agréées qui attestent d’un suivi jusqu’à la destruction.
A propos de l’auteure :
Co-fondatrice de Keenat, Sandrine Poilpré déploie des solutions innovantes pour la collecte et la valorisation de déchets spécifiques (EPI, mégots, masques). Elle guide les professionnels vers une gestion éco-responsable et circulaire de leurs équipements en fin de vie.
FAQ
Les EPI sont-ils considérés comme des déchets dangereux ?
Certains oui. Les matériaux issus d’environnements industriels, chimiques ou médicaux peuvent être contaminés et classifiés comme dangereux.
Qui est responsable de la gestion des EPI usagés ?
C’est l’entreprise qui les produit qui est responsable de leur traitement en fin de vie. Il s’agit donc de celle qui les emploie avant de les jeter.
Peut-on jeter les EPI dans avec les déchets classiques ?
Non. Ils doivent impérativement être triés et collectés dans des conteneurs à part.
Comment sensibiliser les équipes à la bonne collecte des EPI ?
Le ramassage des équipements est l’affaire de tous au sein de l’organisation, les pratiques doivent être officiellement intégrées dans les procédures internes. Selon la taille de la structure, il est nécessaire de nommer un référent et de programmer des formations régulières pour les salariés.
Le meilleur moyen de convaincre les collaborateurs est de communiquer sur les bénéfices environnementaux et économiques de la démarche.
Comment s’assurer de la traçabilité de l’élimination des EPI ?
De manière générale, l’entreprise doit conserver les contrats signés avec le collecteur ainsi que les attestations de destruction ou de recyclage. Pour les produits dangereux, c’est le BSD (Bordereau de Suivi de Déchets) qui atteste de la bonne prise en charge et du traitement final par un prestataire agréé.